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Présentation
Le Labex RESMED s’est fixé un programme scientifique qui consiste à étudier le rapport entre religions et sociétés en Méditerranée des origines jusqu’au monde contemporain. Dans cet espace géographique, la religion apparaît en effet comme un élément décisif pour définir les groupes humains dont elle éclaire l’histoire et l’identité, en les positionnant les uns par rapport aux autres. Dans ce vaste thème, nous avons circonscrit des axes de recherche où s’exercent plus particulièrement les compétences de nos chercheurs et qui s’attachent à des aspects cruciaux de l’histoire de cette région. S’inscrivant dans des perspectives croisées et sollicitant les collaborations interdisciplinaires, ce programme a aussi l’ambition de fournir des clefs pour comprendre la Méditerranée contemporaine.
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Axes de recherche :
Notre premier thème touche le choix personnel d’une religion, souvent appelé « conversion »
Pourquoi et comment on en change et dans quelle mesure l’accès à une nouvelle religion n’est pas forcément la rupture radicale qu’on a trop souvent décrite. Le converti emmène dans sa nouvelle religion ses structures mentales et certaines pratiques de l’ancienne. On verra donc les changements de cultes à l’intérieur du polythéisme, les conversions au christianisme, au judaïsme et à l’Islam. Il convient de dépasser l’opposition dichotomique et réductrice entre polythéisme plastique et assimilateur, d’une part, et monothéismes intransigeants et prosélytes d’autre part. Les conversions et ses conséquences sont étudiées dans l’espace méditerranéen mais aussi dans les Balkans et dans l’Insulinde, à titre comparatif. L’étude est aussi étendue chronologiquement ce qui permet de souligner les continuités jusqu’à l’époque contemporaine.
La question de la coexistence entre communautés religieuses différentes est au centre de nos questionnements. Le monde médiéval fournit des exemples d’intolérance mais aussi des périodes d’échanges culturels pacifiques. L’exemple de la Sicile médiévale permet d’en mesurer les contours et les limites. Cette coexistence et la concurrence entre religions engendrent une abondante littérature de controverse, qui permet à ces communautés religieuses de souligner leurs différences, d’affirmer leur supériorité et de préciser des points de doctrine. Nous avons les compétences linguistiques pour aborder cette littérature qui oppose dans des langues variées païens et chrétiens, païens et juifs, chrétiens et juifs, chrétiens entre eux, ou chrétiens et musulmans. Chacun de ses aspects a fait l’objet de vastes travaux, mais une partie de ces textes est inédite et nous pouvons apporter des sources nouvelles et envisager ces controverses dans une perspective comparatiste et diachronique.
La sacralisation de l’espace et l’usage des espaces sacrés (temples, églises, synagogues, mosquées) forment le complément physique de cette fluidité religieuse. Les nouveaux venus eurent le choix de reprendre les édifices de culte déjà en place ou construire ex nihilo. Il faut s’interroger sur l’héritage des anciens modèles dans l’élaboration des lieux de cultes de la nouvelle religion, sur la puissance symbolique de la destruction de lieux ou d’objets religieux pour marginaliser une communauté particulière.
Les rapports entre religion et rationalité forment l’axe suivant.
L’étude de la relation entre religion grecque et philosophie permet de comprendre comment se sont forgés les instruments conceptuels, les modèles argumentaires et les stratégies d’attaque et de défense des philosophes. On étudiera comment ces derniers ont souvent critiqué la religion héritée, cherchant à l’épurer plutôt qu’à la détruire. Cette critique des philosophes grecs à l’égard du polythéisme est reprise par les apologistes et les théologiens chrétiens qui « christianisent » Platon. Une étude sur la relation entre le rationnel et l’irrationnel pourra aussi s’articuler autour de recherches sur l’alchimie et la magie qui se renouvellent grâce aux découvertes de papyrus nouveaux qui seront édités et traduits. Il s’agira ici par ailleurs de poser la question de l’existence d’un humanisme musulman en étudiant les tensions entre l’assimilation discutée de l’héritage antique et les deux autres filiations du monde musulman, arabité et islam.
La médecine constitue un second champ d’application pour cerner le rapport entre religion et rationalité. On examinera les rapports entre médecine rationnelle, née en Grèce à l’époque antique, et médecine magico-religieuse. Les deux médecines coexistent de fait et servent la société chacune à sa manière. On étudiera leurs champs respectifs en explorant les zones de frontières un peu floues entre elles jusqu’à la fin du Moyen-Âge. La transmission du savoir médical est un domaine dans lequel notre Labex peut offrir des vues nouvelles. Cette transmission se fait du monde grec vers le monde arabe à travers les chrétiens de langue syriaque qui servent d’intermédiaires et de traducteurs. La transmission se fait ensuite de l’arabe et du grec vers le latin en Méditerranée occidentale, mais cette transmission ne s’est pas faite sans opposition religieuse, comme le montre l’histoire de la dissection. On étudiera les oppositions religieuses à l’étude de l’anatomie dans le monde antique et médiéval et les facteurs politiques ou intellectuels qui ont cependant permis la transmission du savoir médical.
Le troisième axe propose l’étude des pratiques religieuses dans le cadre des sociabilités d’un côté et du droit de l’autre.
L’initiation religieuse d’un individu se fait par le biais de la famille mais aussi des communautés, à travers la musique, les traditions culinaires et la culture. Nous souhaitons développer les recherches sur droit et religions avec la collaboration de juristes plus nombreux en privilégiant quelques domaines comme le droit des bâtiments religieux, la question du droit d’asile, le droit matrimonial et les questions liées à l’argent, comme le prêt à intérêt. Nous souhaitons étudier le fonctionnement des communautés religieuses comme acteurs économiques, ce qui trouve un écho contemporain avec le développement des banques islamiques.
L’usage de la richesse pose aussi des questions d’éthique auxquelles les différentes religions étudiées ont apporté diverses réponses, comme on le verra en se penchant sur les systèmes caritatifs.
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Direction
Béatrice CASEAU, directrice
Professeure à l’Université Paris-Sorbonne
contact
Julie MASQUELIER-LOORIUS, secrétaire générale pour les affaires internes
Ingénieure de recherche au CNRS, UMR 8167 Orient et Méditerranée
contact
Stavros LAZARIS, secrétaire général pour les relations internationales, la valorisation et les projets européens (H2020)
Chargé de recherche au CNRS, UMR 8167 Orient et Méditerranée
contact
Coordination et communication
Chrysavgi ATHANASIOU, coordinatrice scientifique et administrative, Doctorante
contact
Tel : +33(0)1 44 27 18 41
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